Cet été, nous avons traversé beaucoup d'orages de toutes sortes. — ODNs

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Cet été, nous avons traversé beaucoup d'orages de toutes sortes.

Le texte ci-dessous est inspiré par les n° de La Croix Hebdo des samedi 6 et dimanche 7 juillet 2024

Comment penser ensemble un meilleur fonctionnement de la vie ensemble ?

Les ressources chrétiennes peuvent-elles nous y aider ? Nous pouvons oser le dire : une préférence accordée à une ethnie sur une autre est incompatible avec la vie chrétienne. Elle contrevient directement à l’exigence de fraternité sur laquelle croyants et non-croyants peuvent se retrouver pour fortifier la vie civique. Est-ce valable aussi pour notre réseau éducatif et ODNs ?

Au niveau de l’éducation, c’est un appel à un travail de « facilitateur de dialogue » : nous pouvons avoir des divergences culturelles, des différentes visions du monde, …mais nous avons une complémentarité : savoir travailler et construire avec d’autres, ce qui demande de la volonté, une grande mobilisation de partenaires et du temps pour obtenir des résultats.

Un enfant de 7 ans a l’« âge de raison » ! Les enfants cherchent en général à classer les uns et les autres, entre bons et méchants. Il faut prendre le temps de leur redire qu’il n’y a pas de méchants mais différentes visions de la société…

                                                        

Désirons-nous vivre de nouvelles solidarités au plus proche…avec l’accueil de nouveaux dans nos groupes… ?

Il est crucial pour les chrétiens de ne pas se préoccuper seulement du bien-être de ceux qui appartiennent aux mêmes communautés particulières qu’eux : nos « tribus », nos familles, notre nation, et pas même notre communauté religieuse. Les chrétiens ne sont pas seulement obligés moralement envers les autres chrétiens, mais envers tout humain, et même envers ceux qui viendront après nous ; dans le christianisme, pas moyen d’arbitrer simplement entre son voisin et un inconnu à l’autre bout du monde. Il faut tenir ces deux dimensions, incommensurables !

Le dialogue du particulier et de l’universel conduit le christianisme à vivre de manière particulière les frontières, sans les abolir mais sans les absolutiser non plus ; « Dans l’église primitive, les chrétiens étaient des itinérants. Ils ont tout de suite traversé des frontières, ils sont sortis du tribalisme, des lois de pureté du groupe et ont introduit un type nouveau d’hospitalité. » Cette audace des premiers chrétiens engage à une forme de liberté intérieure à l’égard de la question des frontières ; « Cela nous invite à traverser les frontières non sous la forme d’une globalisation qui nie le besoin d’un chez-soi, mais dans la conviction que la rencontre de l’autre peut être féconde. » affirme C. Theobald, sj.

Et nous, maintenant ? Choisir d’accueillir dans le réseau un ou une autre avec ses différences et soutenir le développement de la mission de la Compagnie de Marie Notre-Dame en Espagne, au Vietnam….

Oui, à de nouvelles solidarités avec le goût des autres…même si ce n’est pas facile !

 

Nous pouvons témoigner de la richesse des rencontres culturelles et religieuses

avec des approches qui sont marquées par une forme de modération, de sagesse…Contrairement aux idées reçues, la modération n’est pas une compromission, elle n’empêche pas des convictions fortes mais en  discernant des situations, une radicalité qui s’applique à soi et ne s’impose pas aux autres. La modération consiste à prendre conscience que l’être humain et la société sont marqués par la vulnérabilité et qu’il y a des segments plus fragiles aujourd’hui, comme les zones rurales, les banlieues, les frontières, l’enfant, … dont il importe de prendre particulièrement soin. Il y a là, ajoute C. Theobald, une radicalité spirituelle qui n’a rien à voir avec les extrêmes.

 

Et la justice sociale avec le partage est vitale…

Sa mise en oeuvre est urgente à cause de la croissance de la xénophobie qui s’articule au sentiment d’abandon, d’insécurité et à la croissance des inégalités. En ce temps de désorientation, il faudrait réentendre les appels des philosophes Emmanuel Mounier et Simone Weil, qui ont cherché à réveiller les consciences catholiques de leur torpeur pour dire l’urgence du partage et de la justice sociale.

Pour valoriser l’engagement des chrétiens dans la justice sociale, le Pape Jean-Paul II n’a pas hésité à reprendre dans l’encyclique Sollicitudo rei socialis (1987) le terme de « solidarités », pourtant lié aux héritages intellectuels et sociaux de la gauche plus qu’au langage traditionnel de l’Eglise catholique. « Il importe de souligner combien la reconnaissance de la solidarité en milieu catholique ouvre la voie à la rencontre d’héritages intellectuels et sociaux qui ont pu sembler aux antipodes de la tradition chrétienne, relève le théologien André Talbot. La référence à un même terme n’est jamais anodine »

Dans cette même encyclique, Jean-Paul II a rehaussé le statut de la solidarité dans le corpus chrétien en la qualifiant de « vertu chrétienne », avec un appel à un investissement personnel dans les relations directes avec les autres et dans la contribution active à la vie d’institutions sociales, avec les exigences de « la destination universelle des biens » et de « l’option préférentielle pour les pauvres ».

Dans le christianisme, pas moyen d’arbitrer simplement entre son voisin et un inconnu à l’autre bout du monde…

Quand on lit  l’Evangile, on voit que Jésus s’exprime sur un mode toujours dialogal. Il s’expose aux débats avec les pharisiens, avec tous ceux qui sont contre lui ; rien ne se fait sans échanges de paroles. La conversation est un trésor du christianisme qui se vit comme dirait St Paul, dans des vases d’argile. « Il y a quand même des ressources de la tradition chrétienne, souligne Christophe Théobald, une capacité d’écouter jusqu’au bout les personnes dans leur vie quotidienne et surtout de leur permettre de parler ! » Et cela, toujours articulé à une attitude critique envers vous-mêmes !

De l’engagement peut naître une perspective nouvelle sur soi et sur le monde. Le philosophe protestant Paul Ricoeur a valorisé l’engagement comme l’acte par lequel l’homme se construit et se découvre, bien loin d’une vision de l’engagement réduit à un activisme naïf ! « L’engagement n’est pas une propriété de la personne, mais un critère de la personne » a analysé Ricoeur; en m’obligeant à prendre position, la crise me transforme « de fuyard ou de spectateur désintéressé en personne de conviction qui découvre en créant et crée en découvrant ».

Il peut y avoir, du coup, de la joie dans l’engagement. Elle nait paradoxalement d’une absence de maîtrise. Mounier comme Péguy nous le rappellent, l’insécurité de l’engagement crée une liberté qui révèle, en son fond, de la joie….!

Rita Calvo Sanz, Supérieure Générale de la Compagnie de Marie Notre-Dame, revient de la première partie de sa Visite canonique en Afrique et dit « Nous avons ressenti la souffrance de ce peuple face à une guerre qui n’en finit pas et nous avons compris pourquoi on chante, malgré la douleur et la souffrance. Esquirol dans son essai sur une philosophie de la proximité, l’exprime magnifiquement : « Celui qui chante dit affectivement le monde, et la vie, et lui-même…Et le chant est encore plus beau à plusieurs voix, car son tissu protège et abrite davantage. Le chant ne dilue pas celui qui chante, mais il le relie, le rapproche des choses, du monde, des autres. »

Devant des drames actuels, au Congo, au Vietnam, à Cuba,…nous avons besoin du réseau ODNs qui nous soutient, par votre présence et vos dons ! …

Et alors, unis à Marie, nous pourrons faire nôtre son chant de justice et d’espérance !

 

                                                         Marie-Chantal DUVAULT, Présidente d’ODNs